Le succès de la
Shadow revient en grande partie à son gabarit et à son moteur V2
performant qui a équipé depuis la Varadero. Après avoir dominé le marché
125 en 1999 et 2000, la Varadero lui a volé la vedette, mais la Shadow
reste toujours la meilleure vente custom en 125 grâce à sa mécanique
aboutie et à ses chromes étincelants, même si le custom japonais se
retrouve aujourd’hui en concurrence avec des modèles, moins nombreux, mais
plus séduisants en termes d’équipements et de look…
Les customs 125 modernes ont connu leurs heures de gloire à la fin des
années 90, période où la Honda Shadow et la Yamaha Virago se partageaient
la vedette aux deux premières places du marché français. Depuis, des motos
plus polyvalentes à l’image de la Varadero mais aussi moins chères, ont
envahi l’hexagone à l’image de la Honda CBR ou de la Yamaha YBR,
repoussant les customs au second plan. De cette splendeur passée, la
Shadow reste aujourd’hui une des seules rescapées (les Virago et Dragstar
ayant disparu), avec comme arguments majeurs un nom reconnu et surtout un
moteur V2 redoutable d’efficacité. Car aujourd’hui encore, la catégorie
des customs se scinde en deux clans avec, d’un côté les monocylindres tels
que la Daelim Daystar ou la Kymco Hypster, et de l’autre les V2 qui
comptent aujourd’hui trois représentants avec la Suzuki Intruder et la
Hyosung Aquila. Entre les deux réapparaissent aujourd’hui des motos
chinoises dotées de l’ancien bicylindre Honda (CM, Rebel).
Une conception vieillissante
Au premier coup d’œil, le custom japonais arbore un look typique du genre.
Chromes omniprésents, réservoir type goutte d’eau avec instrumentation
intégrée, large selle, repose-pieds placés en avant et garde-boue
enveloppants, la panoplie complète du parfait petit custom « à
l’américaine » est au rendez-vous, sublimée par le gabarit flatteur de la
Shadow et son imposant bloc moteur taillé en V. Pourtant, malgré une bonne
finition d’ensemble, la Shadow est moins convaincante lorsqu’on la compare
à ses concurrentes V2 les plus modernes et, en particulier à la Hyosung
Aquila. Ses formes semblent ainsi moins travaillées et ses jantes à rayons
un peu dépassées. On aurait également apprécié un échappement à double
silencieux, un peu plus de chrome et un habillage de fourche pour
renforcer le côté bestial. La frime est un des points forts des customs,
et à ce chapitre, la Honda semble légèrement en retrait, tout au moins par
rapport à sa notoriété. Même remarque pour l’équipement qui frôle parfois
le rustique. Absence de compte-tours, de jauge à essence et de voyant de
réserve, clé et serrure séparées pour le Neiman, starter sur le
carburateur et pas de poignées de maintien pour le passager, on pourrait
s’attendre à mieux sur un modèle élevé au rang de référence et dont le
tarif est coquet. Mais « Les temps changent et les références aussi »
comme le dit si justement une réclame pour un célèbre constructeur
automobile. Il semble bien que la Shadow subisse pleinement le phénomène,
tout au moins pour ce qui est du look et de l’équipement. Heureusement
pour elle, le marché à perdu beaucoup d’acteur avec le passage des normes
Euro-2 et notamment Yamaha qui ne propose plus de custom dans sa gamme
125.
Une partie cycle qui accepte toutes les conduites
Car une chose est sûre, pour tout le reste, le savoir-faire du premier
constructeur mondial reste perceptible et même si la Shadow est un peu
plus vieille que ses principales concurrentes, elle n’a rien à leur
envier. La position de conduite est plutôt agréable avec une selle reculée
et des repose-pieds avancés qui permettent de déplier les jambes pour plus
de confort. Le dos reste droit et le guidon large et cintré tombe
naturellement sous les mains. On remarque au passage que la Honda hérite
d’une roue avant de 17 pouces contre 18 sur la plupart des customs, la
roue arrière restant chaussée du traditionnel pneu de 15 pouces. Ce détail
n’a l’air de rien, il prend pourtant toute son importance en ville où la
Shadow fait preuve d’une belle agilité pour la catégorie. Bien sûr comme
tous customs, le gabarit imposant et le diamètre de braquage limitent un
peu la maniabilité et imposent une certaine attention lorsqu’on remonte
les files de voitures. Reste qu’avec son train avant particulièrement
léger et son poids de 145 kg (parmi les plus bas de la catégorie), la
Shadow se joue de la ville avec une certaine facilité et s’affiche comme
le custom 125 le plus à l’aise en milieu urbain. Seul le confort de
conduite est perfectible avec une suspension arrière et une selle un peu
fermes et surtout une assise passager réduite à sa plus simple expression
comme souvent chez les customs. Outre le pouf, le passager a droit à des
repose-pieds haut perchés. Sur des routes plus roulantes, la tenue de
route de la Shadow est redoutable pour se faire plaisir à un rythme
tranquille comme en conduite un peu plus soutenue. Elle s’inscrit
naturellement sur l’angle et fait preuve d’une rigueur satisfaisante. On
apprécie aussi sa bonne garde au sol pour un custom. Il est ainsi bien
rare de voir les repose-pieds racler le sol, ce qui contribue à mettre le
conducteur en confiance. Le frein avant impressionne par son mordant
tandis que l’arrière, bien plus progressif, évite tout blocage sous la
pluie.
Un moteur V2 à l’allonge redoutable
La qualité première de cette Honda se trouve surtout dans son bicylindre,
en particulier pour les adeptes du style custom qui souhaitent malgré tout
garder un bon niveau de performances.
Car plus que l’agrément, le Twin à refroidissement liquide couplé à une
boîte cinq vitesses se concentre surtout sur les accélérations et la
vitesse de pointe. Sa sonorité plutôt typée sport contraste d’ailleurs
avec le style de la machine. Mais qu’importe, le résultat est plutôt
probant une fois en selle. Rapide à s’élancer à condition de faire cirer
l’embrayage, la Shadow distille son lot de sensations à l’accélération.
Elle se montre tout aussi efficace sur voies rapides où elle accroche les
115 km/h chrono en vitesse de pointe, des performances qui en font tout
simplement le custom 125 le plus rapide du marché. En revanche, comme la
Varadero équipée du même moteur, la Shadow manque de couple à bas régimes.
Il est donc nécessaire de monter les rapports au plus haut, jusqu’à la
zone rouge, pour tirer la quintessence de ce bicylindre, et le phénomène
peut agacer dans certaine situation et ne correspond pas vraiment à l’idée
que l’on se fait du « cruising » en custom. Ce comportement moteur trouve
ainsi sa contrepartie lorsqu’on évolue en ville ou en balade. Il est en
effet bien difficile de relancer la machine pour un dépassement ou une
simple accélération sans devoir descendre un, voire deux rapports. De la
même manière, l’absence d’un sixième rapport sur la boîte de vitesses
induit un régime moteur élevé lorsqu’on évolue sur voie rapide, avec un
niveau sonore important et de légères vibrations perceptibles dans les
repose-pieds. Le Twin reste malgré tout relativement peu gourmand en
carburant avec une consommation moyenne de 4,2 l/100 km durant notre
essai.
Conclusion
Au final, le bilan est tout de même favorable pour cette Honda Shadow.
D’un côté, il est vrai que son style et son manque d’équipement la
pénalise face à la concurrence. Pourtant, sa partie cycle vive et son
moteur V2 plaisant, lui assurent un comportement très attachant au
quotidien et bien peu de customs 125 peuvent vraiment rivaliser de ce
point de vue. Reste qu’à 4 500 euros (le tarif a suivi l’inflation !), la
Shadow fait payer ses qualités au prix fort. Pour le moment, il n’est pas
prévu de refonte à l’occasion de sa mise en conformité avec les normes
anti-pollution Euro 3, faute d’une concurrence à la hauteur. La Honda use
donc à fond de sa situation de quasi monopole… ( commentaires
Moto-Infos.com ) |